Retour à la page précédente 

4.2 Présentation du corpus

Comme nous l’avons vu dans le précédent chapitre, le corpus est composé des cartes conceptuelles des répondants, de 13 entretiens individuels, de quatre entretiens collectifs centrés (deux dans chaque école) et du journal de bord tenu tout au long de la démarche.

4.2.1 Les cartes conceptuelles

Les cartes conceptuelles fournissent un matériau d’une grande richesse et, si au départ, l’usage que nous prévoyions d’en faire se limitait à celui de déclencheur, l’exploitation que nous en avons faite a permis de jeter les bases du cadre d’analyse, en plus d’enrichir la trame à l’intérieur de laquelle les entretiens individuels ont été conduits.

Compte tenu de la marge de liberté qui était laissée dans la réalisation des cartes conceptuelles, celles-ci ont pris des formes variées présentant un contenu plus ou moins riche comme l’illustrent les exemples en annexe (appendice D). Pour ce qui est du contenu des cartes conceptuelles, il prend la forme de mots, d’expressions ou de courtes phrases évoquant tantôt, des notions ou concepts associés à celui de règle, tantôt de jugements par l’attribution d’adjectifs. Enfin, il peut être question des règlements de l’école. Dans plusieurs cas, il s’agit d’affirmations teintées de revendications.

Pour exploiter plus à fond les cartes conceptuelles, nous avons, dans un premier temps, élaboré une liste des sujets abordés par les répondants, puis nous les avons insérés dans le tableau ci-dessous (tableau 4.5). Chaque ligne correspond à un thème abordé dans la carte conceptuelle et chaque colonne représente un répondant auquel a été attribué un code numérique. Les nombres indiqués dans les cases à l’intersection des lignes et des colonnes, indique, pour le répondant concerné (colonne), le nombre de fois que le thème apparaît dans sa carte. Les appels de notes qui apparaissent en indice renvoient, en annexe, à l’expression qui respecte ad litteram le contenu de la carte (voir appendice E) L’absence d’appel de note, indique que terme utilisé est le même que celui inscrit dans la colonne de gauche.

Tableau 4.5
Vue d’ensemble des notions abordées dans les cartes conceptuelles

Notion

1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13

Arbitraires

1 (5)

Autonomie

1

Autorité

1 (6)

Bien-être

1 (7)
2
1 (8)

Bonne

1 (9)
2 (10)

Calme

3 (11)

Code de vie

1 (12)
1 (13)

Contournables

1 (14)

Contradictoire

1

Dérangeant

1 (15)
3 (16)

Dictature

1

Discipline

1

Droit

2 (17)

Égalité

1 (18)

Encadrement

1

Fidélité

1

Hiérarchie

1 (19)

Institution

1 (20)

Interdiction

2 (21)
1 (22)
1 (23)
3 (24)
2 (25)
5 (26)
1 (27)
2 (28)
1 (29)

Irréfléchie

1

Justice

1

Loi / Charte

1

Maturité

1
2 (30)

Mauvaise

3 (31)
1 (32)

Obligation

2 (33)
2 (34)
1 (35)
4 (36)
2 (37)
3 (38)
2 (39)
3 (40)
1 (41)

Ordre

1 (42)
1
1

Partiale (43)

1 (44)

Politesse

1

Pouvoir adultes

3 (45)
1 (46)
1 (47)

Propreté

1 (48)
1 (49)

Respect

1 (50)
1 (51)
1 (52)
1 (53)
1 (54)

Responsabilité

1 (55)
1 (56)

Réussite

2 (57)

Sanction

1 (58)
1 (59)
3 (60)
3 (61)
3 (62)

Sécurité

1 (63)
1 (64)
1 (65)
1 (66)

Sévère

1 (67)

Stupide

1 (68)
1
1

Territoire

1 (69)

Bien qu’il soit encore trop tôt pour avancer des hypothèses, on peut observer qu’un nombre non négligeable de répondants (neuf sur 13) associent les règles à des contraintes (interdictions, obligations) assorties de sanctions et que les notions relatives aux dimensions juridique (droit, loi, justice, égalité) et éducative (discipline, autorité, encadrement, autonomie) des règles ne sont abordées qu’une seule fois dans les cartes conceptuelles.

Un autre traitement du tableau ci-dessus permet de comparer les cartes conceptuelles les unes aux autres. À ce stade, il est possible d’entrevoir quelques tendances qu’il restera à confirmer : i) ceux pour lesquels les règles comportent essentiellement des aspects négatifs (Rimbo-Mouatarde : 8, Minoune : 2, Nikki : 1, Chico : 6), ii) ceux qui y voient surtout des dimensions positives (Lestoil : 4, Scarface : 13) iii) et ceux qui ont une vision partagée ou neutre (Cocotte : 5, Marie-Toutoune : 3, Joe-Binette : 7, Spyro : 11, Doktar-Irouni : 10, Dizine : 9, Simran : 12).

Ces quelques éléments d’analyse des cartes conceptuelles étant présentés, nous en arrivons au corpus provenant des entretiens individuels qui ont servi d’appui à l’émergence des catégories qui contribuent à l’examen des représentations qu’ont les élèves des règles à l’école.

4.2.3 Les répondants et ce qu’ils disent individuellement

L’originalité de l’analyse que nous exposons dans les pages suivantes tient à la place accordée à la parole des élèves. En effet, la plupart des recherches qui s’intéressent à cette population se fondent sur un corpus essentiellement constitué de ce que disent les adultes au sujet des élèves.

L’analyse que nous faisons des entretiens individuels attribuant une place importante à la parole des répondants, les propositions -qui peuvent être descriptives ou interprétatives- s’accompagnent, autant que possible d’exemples tirées de leurs récits de manière à les « enraciner » dans les propos des élèves.

Même si les mots qu’ils emploient peuvent ne pas exprimer parfaitement ce qui est ressenti, pensé, jugé, ils donnent à voir un état d’esprit, induit par une histoire propre, des expériences personnelles dont il ne sera ici question que de façon sommaire, compte tenu de l’objectif de cette recherche. Cependant, pour mieux saisir les logiques idiosyncrasiques, il nous a semblé utile de tracer un portrait succinct de chacun des répondants avant de leur donner la parole.

Que nous disent-ils? Dans quel contexte leurs propos prennent-ils corps? C’est à ces questions que tentent de répondre les pages qui suivent en mettant en évidence, pour chacun des répondants, les traits dominants de leurs discours à partir des catégories qui se sont dégagées au cours du processus d’analyse et qui servent de trame à la présentation qui suit.

Ces catégories, définies plus haut, font chacune l’objet d’une matrice individuelle dans laquelle apparaissent les sous-catégories et les thèmes définis supra. Ainsi, pour chacun des répondants, nous présentons ci-après quatre matrices (52 au total) correspondant aux quatre catégories identifiées.

Comme nous le verrons dans les 52 prochains tableaux, en regard de chaque sous-catégorie ou thème (colonne de gauche), est indiqué le numéro de la ligne à laquelle commence l’extrait de texte entrant dans la sous-catégorie ou le thème (colonne de droite). Toutes les citations mentionnées dans les matrices n’apparaissent cependant pas dans le texte. En effet, comme les répondants ont tendance à se répéter pour insister sur un point particulier, nous avons supprimé les redites et gardé le ou les extraits les plus significatifs pour illustrer la proposition (descriptive ou interprétative), afin ne pas alourdir le texte. Bien que toutes les citations n’apparaissent pas dans le texte, il nous a semblé utile de les identifier dans les matrices, par le numéro de la ligne du verbatim, de manière à visualiser les thèmes dominants de leurs propos.

Rappelons, avant de poursuivre, que les entretiens ont été conduits de manière à laisser le maximum de marge de liberté aux répondants, de telle sorte que les éléments considérés tiennent une place plus ou moins importante dans leur discours. De plus, les caractéristiques de chacun font en sorte que certains sont plus expressifs ou documentés que d’autres, par exemple. Ces variations se traduisent par un discours plus ou moins étoffé sur les différents thèmes, comme nous allons le voir dans les pages qui suivent.